En 2021, pour sa 4e édi­tion, le Prin­temps cultu­rel pro­pose de faire décou­vrir à la popu­la­tion neu­châ­te­loise, les riches et diverses cultures des peuples du Sahel, en par­ti­cu­lier celles des régions francophones.

Le Sahel

Le Sahel, de l’arabe «bor­dure, rivage», désigne un espace de tran­si­tion situé entre le désert du Saha­ra et les savanes arbo­rées du Sud, allant de l’Atlantique à la Mer Rouge, d’une lar­geur de 500 à 800 km. Zone semi-aride, avec une moyenne de pré­ci­pi­ta­tions plu­viales com­prises entre 300 mm et 500 mm, il est frap­pé de séche­resses pério­diques. Avec des den­si­tés de popu­la­tions en géné­ral faibles (moins de 20 per­sonnes par km2 au Mali et au Niger, 50 ou plus au Séné­gal et au Bur­ki­na-Faso), le Sahel tota­lise, sur ses 7 mil­lions de km2 envi­ron, quelque 135 mil­lions d’habitants en 2015, mais le taux d’accroissement démo­gra­phique va de 2,5 % à presque 4%, si bien que les démo­graphes pré­voient une popu­la­tion de 330 mil­lions d’habitants en 2050.

Le Sahel est avant tout défi­ni en terme géo-cli­ma­tique et il ne coïn­cide pas avec des États ou des fron­tières bien déli­mi­tées. Cepen­dant, on consi­dère géné­ra­le­ment que les États sui­vants appar­tiennent tout ou par­tie à la zone sahé­lienne: le Séné­gal, la Mau­ri­ta­nie, la Gam­bie, la Gui­née-Bis­sau, le Mali, le Niger, le Tchad et le Sou­dan ; on y ajoute par­fois le Nigé­ria (frange nord) et l’Érythrée.

Cette vaste zone est habi­tée par une véri­table mosaïque eth­nique: Man­dingues, Peuls, Maures, Toua­regs, Arabes… À cette grande diver­si­té cor­res­pondent des iden­ti­tés tri­bales et lin­guis­tiques diverses et des genres de vie com­plé­men­taires. De nos jours cepen­dant, les séche­resses récur­rentes et la sur­po­pu­la­tion aggravent les conflits entre tri­bus d’éleveurs et popu­la­tions pay­sannes. La région est donc vul­né­rable, mais les popu­la­tions font preuve de rési­lience et de créa­ti­vi­té; la richesse cultu­relle du Sahel est remar­quable, que l’on songe à la musique, à la danse, au ciné­ma et à la littérature.

Par ailleurs, on redé­couvre aujourd’hui l’histoire brillante des empires sahé­liens: Gha­na, Mali, Son­ghaï qui, du VIIIe s. au XIXe s., ont connec­té la région avec l’Afrique Noire et le Magh­reb, et les rives de l’Atlantique avec celles de la Mer Rouge. Ces empires fon­dés sur le tra­fic cara­va­nier et la domes­ti­ca­tion d’animaux de bât, celle des dro­ma­daires et celle des che­vaux, étaient des ensembles décen­tra­li­sés vivant du trans­port de mar­chan­dises sur de longues dis­tances. Ce com­merce: sel, or, bois pré­cieux, esclaves, pro­té­gé par la mobi­li­té des guer­riers, a assu­ré leur pros­pé­ri­té pen­dant des siècles. Ils ont lais­sé des monu­ments remar­quables : mau­so­lées et mos­quées, biblio­thèques et leurs manus­crits anciens. Cer­tains ont été récem­ment atta­qués par des com­bat­tants dji­ha­distes mais ils ont été en par­tie recons­truits avec l’aide de l’UNESCO qui les avait clas­sés à son patrimoine.

En remon­tant dans le temps jusqu’à l’aube de l’humanité, on doit men­tion­ner la décou­verte, en 2001, au nord de Dja­me­na, au Tchad, de Tou­maï (Sahe­lan­thro­pus tcha­den­sis), un crâne fos­sile âgé de près de 7 mil­lions d’années, qui appar­tien­drait à la pre­mière lignée du genre homo. Le Sahel pour­rait donc sup­plan­ter l’Afrique de l’Est comme ber­ceau de l’humanité.

Pourquoi Le Sahel?

Notre mani­fes­ta­tion bien­nale a non seule­ment l’ambition de mettre en valeur la richesse et la diver­si­té des cultures mais encore l’inventivité et la résis­tance des popu­la­tions sahé­liennes aux défis de la pau­vre­té, de sèche­resses récur­rentes et de la vio­lence armée qui se pro­page dans toute la région.

Faire connaître le Sahel, contri­bue aus­si à mieux com­prendre cer­tains enjeux et dimen­sions de la mon­dia­li­sa­tion. Ceux-ci nous concernent direc­te­ment; son­geons par exemple au chan­ge­ment cli­ma­tique et aux mou­ve­ments migra­toires ain­si qu’à l’importance géo­po­li­tique crois­sante de la région.

Le Sahel est une région qui nous est proche. En effet, nous par­ta­geons une même langue dont la vita­li­té et le rayon­ne­ment doivent beau­coup aux pays afri­cains. En outre, le can­ton de Neu­châ­tel abrite des dia­spo­ras sahé­liennes; diverses ONG neu­châ­te­loises sont actives au Sahel et ont tis­sé des liens de coopé­ra­tion avec cette région (Bur­ki­na Faso, Mali, Mau­ri­ta­nie, Niger, Tchad).

Les liens entre le Sahel et le can­ton de Neu­châ­tel se sont aus­si déve­lop­pé à tra­vers les mis­sions de recherche du pro­fes­seur Jean Gabus prin­ci­pa­le­ment au Niger et en Mau­ri­ta­nie entre 1948 et 1971. Ses tra­vaux eth­no­gra­phiques et musi­co­lo­giques ont enri­chi les col­lec­tions du Musée d’ethnographie de la Ville de Neu­châ­tel (MEN), un par­te­naire impor­tant du Prin­temps culturel.

Les par­te­naires du Prin­temps cultu­rel ont enga­gé depuis l’été 2019 une réflexion afin de pro­po­ser, en 2021, des expo­si­tions, des spec­tacles, des concerts, des confé­rence et des débats dans les diverses régions du canton.