3 juin – 16 juillet
Vernissage  2 juin, 18h
Palais — Galerie

Neuchâtel

I had a dream – Vincent Jendly

Quand je me suis retrouvé en face de Barack Obama en 2010, deux ans après son élection, je dois dire que cet homme m’a surpris par sa froideur. À quelques minutes d’une intervention musclée à l’adresse du régime iranien dans l’hémicycle des Nations-Unies à New York, il était impassible et silencieux, entièrement dans sa fonction. À cet instant précis, il m’a aussi rappelé qu’on ne devient pas président des États-Unis avec des égards… Bien souvent, il avait dû mettre sa compassion de côté.

Le 4 novembre 2008, Barack Obama gagnait donc la Maison-Blanche, et l’optimisme gagnait le monde: premier président américain métis d’origine africaine, il incarnait enfin le rêve de Martin Luther King. À mes yeux, ce bourreau de travail fut un artisan de l’unité, de la justice, du progrès et de la paix (il reçoit ce prix Nobel en 2009). Opposant à la guerre, œuvrant à protéger les plus démunis et les minorités, adepte d’une régulation des excès de la finance et d’un contrôle accru des armes à feu, il libérait lentement son pays de ses peurs et de ses clivages, tenant pour un temps l’intolérance et la haine à distance.

L’élection stupéfiante de son brutal successeur et les actions qui ont suivi ont détruit ce rêve comme une gifle dissipe des volutes de fumée.

Il ne me reste de cette période de promesses qu’une Amérique figée et inhospitalière, bien loin de ce qu’elle représentait quand elle était encore le «Nouveau Monde», voilà des décennies. Dans cette immensité glaçante, la figure des espoirs que Barack Obama a dessinés disparaît chaque jour un peu plus, comme un rêve évanescent.

Vincent Jendly

Image: Vincent Jendly / New York

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